Ceux qui se fient uniquement au titre du CD peuvent se demander si Schubert a écrit de la musique pour alto et piano. La réponse courte est non, mais la réponse plus longue est plus nuancée. En effet, Schubert a composé sa sonate "Arpeggione" pour l'arpeggione, un instrument nouveau à l'époque mais aujourd'hui oublié. Il s'agissait d'une sorte de guitare à cordes frottées conçue par le
… luthier viennois Johann Georg Staufer. Cet instrument est rapidement tombé dans l'oubli, tout comme la sonate de Schubert, l'une des rares pièces écrites spécialement pour l'arpeggione. Ce n'est qu'en 1871, 43 ans après la mort de Schubert, que la sonate fut publiée, combinée par précaution à une version pour violoncelle et à une version pour alto avec accompagnement de piano. La version pour violoncelle est devenue la plus connue, mais l'œuvre fonctionne également très bien à l'alto, comme le démontrent Andreas Willwohl et Daniel Heide sur cet album. La sonate "Arpeggione" est donc un ajout bienvenu au répertoire de musique de chambre encore limité de l'alto. Il en va de même pour la poignante Sonate pour alto de Chostakovitch, que le compositeur a achevée quatre jours seulement avant sa mort. Comme dans ses dernières symphonies et quatuors à cordes, cette pièce respire l'esprit de la mort. La longue cadence du solo exprime le détachement et la désolation qu'a dû ressentir Chostakovitch, atteint d'une maladie mortelle. La mélancolie douce-amère de Schubert et le réalisme ironique de Chostakovitch peuvent être très éloignés l'un de l'autre, mais les deux œuvres donnent la chair de poule sur cet album. (JWvR)plus